Antoine Guillaume (Français)

Etant passioné de comedies musicale, Antoine Guillaume n’a pas du se faire prier pour reprendre le rôle d’Emcee dans Cabaret. Avec flair on peut le dire. Musical Vibes lui a pose quelques questions.

Un plaisir immense!

Vous étiez déjà dans l’ensembe de Cabaret, comment on reprend un rôle comme celui d’Emcee?

Lorsque nous avons créé la comédie musicale Cabaret au Théâtre National de Bruxelles, j’étais engagé dans le rôle de Bobby mais également en tant que understudy du personnage de EmCee. (Dans un système différent de celui anglo-saxon, puisque je n’étais supposé remplacer le EmCee qu’en cas de souci technique ou de santé. Et pas à raison d’une fois par semaine comme cela se fait à Londres ou Broadway.) J’avais donc déjà travaillé sur le personnage. En tout cas, j’en connaissais les chorégraphies, les chansons, et le parcours dramaturgique. Mais je n’ai pas eu l’occasion de l’interpréter avant cette tournée-ci. J’ai sauté dans le personnage d’EmCee en partant de sa réalité propre. Qui est-il ? Que fait-il chaque soir dans ce cabaret berlinois du début des années 30? Et devant quel public? Pourquoi le fait-il ?

Et puis je me suis posé la question de savoir à quoi je pouvais faire correspondre l’énergie du EmCee dans ma réalité d’aujourd’hui. Quels sont les moments où, pour oublier un peu la pression de la conjoncture morose, je mets un masque et j’essaie de faire l’amuseur? Et puis, pour trouver “mon” EmCee, je me suis demandé COMMENT je fais dans la vie d’aujourd’hui pour rire avec cynisme quand les choses sont difficiles… J’ai utilisé mes “couleurs” et j’essaie de mon mieux de les transposer chaque soir dans la vérité politique que raconte Cabaret. EmCee rit, se moque, et ose le faire devant ceux qui deviendront ses bourreaux à la fin. L’important c’était de raconter la véritable nécessité de “survie” de chacun, dans sa condition sous l’arrivée du régime nazi.

Cabaret est l’un des premiers Concept Musical. Ecrit à une période de l’Histoire de Broadway au cours de laquelle, les auteurs ont ressenti le besoin de changer le format des comédies musicales

En quoi se cache la force de Cabaret?

Cabaret est l’un des premiers ‘Concept Musical’. Ecrit à une période de l’Histoire de Broadway au cours de laquelle, les auteurs ont ressenti le besoin de changer le format des comédies musicales. Pour présenter au public des histoires axées davantage sur le sens et les sujets de sociéte. (comme plus tard Company de Stephen Sondheim, ou A Chorus Line de Michael Bennett) Cabaret est fort, parce qu’il nous montre comment l’insouciance d’un “moment” humain à l’intérieur du changement politique inattendu fragilise non seulement l’être humain, mais le monde entier en très peu de temps.

Y-a t’il une difference entre les publics de Lyon, Bruxelles, … ?

Chaque public est différent. Chaque soir. Quelle que soit la ville ou le pays dans lequel nous nous trouvons. Certains publics entrent directement dans l’histoire. D’autres publics sont d’abord moins concernés par le message politique et n’en perçoivent la gravité que plus tard dans la représentation. Certains soirs, certains publics ont envie de rire plus que d’autres soirs. Et certains autres soirs, le public est très en “écoute”, dans un calme presque religieux. 

EmCee est un rôle mythique qui n’est pas offert souvent dans une carrière de comédien

100 représentations, c’est énorme pour un musical (Belge), aviez-vous la moindre idée il y 4 ans que ça prendrait cette empleur?

Oui, 100 représentations, c’est fabuleux! Non, je ne m’attendais pas à cela. D’autant que je ne m’attendais pas non plus à un jour interpréter le rôle du EmCee. Cette aventure me surprend soir après soir, représentation après représentation. Parce que Cabaret est un spectacle duquel je souhaitais vraiment faire partie. A l’époque des auditions, je croisais les doigts, et donnais le maximum de moi-même à chaque nouveau tour. Faire partie de la troupe a été le plus beau cadeau ! Alors, voir qu’après 4 ans, le “voyage” Cabaret continue sa route, c’est magique.

Quels sentiments vous aurez après la dernière du 5 janvier?

Un plaisir immense d’avoir pu jouer Bobby ET le EmCee ! Un plaisir immense d’avoir été salué par les membres de l’équipe pour ma réappropriation du personnage – sans copie du précédent comédien qui faisait un très bon EmCee ! Le 5 janvier, je vais jouer une représentation en me sentant léger et heureux. Parce qu’un metteur en scène (Michel Kacenelenbogen) m’a fait confiance pour cette reprise. Parce que EmCee est un rôle mythique qui n’est pas offert souvent dans une carrière de comédien. Et après le 5 janvier, je vais garder CHAQUE souvenir précieusement dans mon coeur. Je ne suis jamais nostalgique. Dans ce métier, c’est trop dangereux de l’être. Je préfère être TRES HEUREUX dans le moment présent. Et grâce à ce personnage, ça a été le cas incroyablement. Wouaw!

Je ne suis jamais nostalgique. Dans ce métier, c’est trop dangereux de l’être

Quels sont vos projets suivants?

A partir du 8 janvier 2018, je reprends le spectacle Pyjama Pour Six (Don’t Dress For Dinner de Marc Camoletti) en tournée dans toute la Belgique.
En avril-mai 2018 je serai dans la comédie musicale Le Livre De La Jungle au Théâtre Royal du Parc de Bruxelles (dans une adaptation et une mise en scène de Thierry Debroux). Dans laquelle joueront également Jolijn Antonissen (de notre Kit Kat Club dans Cabaret) et Didier Colfs (notre Herr Schulz). La saison prochaine je reprends mon spectacle Vous Avez Dit Broadway, sur l’histoire des comédies musicales. Et je fais de la radio deux à trois fois par semaine sur BEL RTL, ainsi que des capsules télé sur la prévention routière pour RTL TVI diffusées chaque samedi et dimanche avant le Journal télévisé. (Réalisation : Thomas Horman)

Cabaret se joue encore au Théâtre de Liège ce 5 janvier 2018. Pour plus d’infos: www.theatrelepublic.be ou theatredeliege.be.

Par Patrick Defort

Photos: Benoit Dochy